Vivre sa grossesse sereinement après un drame : Mission impossible ?

Ce blog aura 6 ans déjà en janvier et je n’ai que rarement parlé de ce que j’ai vécu en 2008 lors de ma toute première grossesse, si ce n’est au début. Je suis enceinte de mon deuxième, mais ce n’est pas ma deuxième grossesse. Il m’a fallu traverser des épreuves pour en arriver là, mais ce qui a impacté chacune de mes grossesses tient son origine dans l’été 2008 : ma grossesse extra utérine. Est-il possible de vivre une grossesse sereine après un drame ? Je ne sais pas, mais je partage avec vous mon expérience.

1+1=2… ou pas !

Quand on envisage d’avoir un enfant, on espère que tout ira pour le mieux et c’est bien normal. C’est donc avec une parfaite confiance en l’avenir que on mari et moi nous sommes lancés dans l’aventure bébé. Malheureusement, nous avons très vite vu que non, « ça n’arrive pas qu’aux autres ». Après quelques mois d’échecs, le verdict tombe : Syndrome des ovaires polykystiques (OPK de son petit nom pour les intimes). J’ai donc des ovaires qui fonctionnent mais qui sont comme moi et qui ne supportent que difficilement de ne rien faire… Et qui en font parfois tellement, qu’ils vont à l’épuisement. A trop faire, on ne voit jamais le bout des objectifs et mes pauvres follicules s’affolent et aucun n’arrive à maturité. Bref, là où une femme sans ce trouble aura une ovulation par mois et donc une chance de tomber enceinte tous les mois, de mon côté ça se résume à 1 ou 2 fois par an…Compte tenu de ce problème et des antécédents familiaux, on me met très vite sous Clomid, un inducteur d’ovulation.

Faire naître bébé dans son cœur et ne jamais lui donner la vie : Des peurs et des pleurs

Coup de chance, le traitement agit dès le premier mois et me voici enceinte en juin 2008. Hélas, très vite je sens que quelque chose ne va pas… J’ai beau le dire, tout le monde me dit que non, que tout ira bien. Mon intuition ne me trompe pas.  Après des saignements et l’annonce d’une fausse couche on m’annonce qu’une grossesse extra utérine n’est pas exclue. Là encore, mon instinct m’a sauvé la vie puisque c’est l’intuition que quelque chose de grave se passait qui m’a poussé à aller aux urgences. je n’avais aucunes douleurs, mais une hémorragie interne assez importante. Ce même soir, je me retrouvais sur un brancard direction la salle d’opération. Ce bébé que j’avais tant espéré, imaginé déjà dans mes bras, embrassé dans mes rêves n’était plus là.

  • Le grand guide de ma grossesse sereine
  • Ma grossesse sereine et gourmande: Les conseils d’une sage-femme sur l’alimentation et 45 recettes équilibrées pour se faire plaisir

Vivre sa grossesse sereinement après un drame : Mission impossible ?

Quand bébé arrive dans le ventre mais que le coeur refuse de s’ouvrir

Après plusieurs mois, c’est mon fils qui s’est installé au creux de mon ventre, naturellement, sans aucune aide médicale. Un petit miracle. Ma grossesse ? Les premières semaines, c’était l’angoisse d’une récidive et qu’on n’arrache de nouveau ce petit être qui grandissait en moi. Après l’échographie destinée à écarter le doute, j’ai eu peur de découvrir un cœur qui ne battait plus à la première échographie des 12 semaines. Puis, on a trouvé le souci du diabète gestationnel.

Je n’osais pas parler à mon bébé de peur qu’il devienne « réel » et que la chute soit encore trop forte si un malheur arrivait (comme si on pouvait atténuer la peine d’une maman qui perd son bébé…). A chaque rendez-vous, l’équipe médical ne manquait pas de m’avertir que ce diabète pouvait être responsable d’un arrêt cardiaque in utero. Comment être zen avec ces remarques ? ! J’ai fini par réellement « accepter » ce bébé qui grandissait en moi après 7 mois de grossesse, une fois que la plupart des risques étaient enfin derrière moi. C’est à ce même moment que j’ai fait le deuil de ce tout premier bébé qui était là qui n’a pu voir le jour…

Le 5 novembre 2009, mon fils allait naître. Le travail a été long mais au moment de le faire naître, il a aidé : « Arrêtez de pousser, il sort tout seul » ont été les derniers mots de la sage femme avant que je puisse sentir mon fils tout contre moi. Avec le recul, je me demande si mon col n’a pas mis autant de temps parce que je « bloquais » psychologiquement de peur qu’il n’y ait un problème et s’il n’est pas né aussi rapidement ensuite parce qu’une part de lui savait que j’avais besoin de ça. je ne le saurais jamais, mais le fait que j’y pense doit sûrement signifier quelque chose.

Vivre sa grossesse sereinement après un drame : Mission impossible ? #2

L’expérience aura-t-elle raison des peurs ?

Je m’étais jurée que la prochaine fois, ce serait différent. Malheureusement, on peut se promettre bien des choses, il arrive que nous ne soyons pas assez fortes pour lutter contre nous mêmes. Je me rends compte que cette grossesse non plus n’aura pas été sereine.

Après avoir du repasser par la case fausse couche et troubles à répétition, nous avions été dirigés en PMA. Nous n’avons pas eu le temps d’arriver au 1er rendez-vous qu’un autre petit miracle s’était niché dans mon ventre: notre deuxième fils allait naître 6 ans après son frère.

Le début de ma grossesse a été très difficile physiquement et moralement. Mes nausées étaient très fortes, j’ai eu droit aux remontées acides et d’autres joyeusetés que je n’énumérerais pas ici mais croyez moi, ce n’était pas évident. Si pour mon aîné, j’ai souffert de nausées également, je ne travaillais pas et je pouvais gérer différemment. Là il fallait assurer sur tous les fronts, sans inquiéter personne. J’ai pris sur moi, beaucoup, mais j’ai la chance d’avoir un employeur exceptionnel humainement parlant et qui fait passer le bien être de ses salariés avant tout. Même si la fatigue était là, je n’ai pas eu le stress dû à une mauvaise ambiance au bureau. je ne vous cache pas qu’au moment de lui annoncer j’ai un peu angoissé, mais là encore pour rien, il était content pour nous…

L’été est arrivé, la période fait toujours remonter en moi les émotions de ma première grossesse et la période est donc difficile à gérer émotionnellement. Quand les hormones s’en mêlent, c’est encore pire. Les vacances d’été sont là, mon fils aussi. Étant en télétravail à ce moment là, je peux et dois gérer de front ma grossesse, mon travail et mon fils. Je passe mes journées les doigts en sang à cause des piqûres pour contrôler mon diabète…Très vite, je me sens au bord de l’épuisement. heureusement, les vacances sont là ! je compte sur elles pour me booster et pouvoir assurer à fond jusqu’à mon congé maternité. Hélas, comme je l’ai déjà dit, on ne choisit pas toujours…

De retour de vacances, je suis reboostée, ça va mieux, le moral est au top, j’ai confiance, je peux le faire malgré la fatigue et une crainte grandissante qu’un nouveau malheur n’arrive. Au bout de quelques jours, le retour à la réalité me rattrape. j’ai beau avoir les meilleures intentions du monde et une volonté en acier, je me retrouve de nouveau à tout gérer de front. Alors que tout le monde m’avait dit que je pouvais compter sur eux, je me retrouve avec des excuses de tous les côtés et je suis rapidement au bord du burn out, mon corps suit le chemin de mon esprit et disjoncte lui aussi : Tension ultra basse, cœur qui s’accélère brutalement, évanouissements, vomissements, contractions, dépression… J’ai l’impression d’être seule dans une bulle à crier que ça ne va pas, mais personne ne m’entend. Enfin si…deux personnes vont l’entendre : le médecin qui me suit et qui me met en arrêt et mon employeur qui va m’engueuler parce que je ne voulais m’arrêter que 15 jours et qui insistera pour que je m’arrête jusqu’à mon congé maternité directement, comme me le conseille mon médecin.

Heureusement que j’ai suivi leurs conseils car depuis début septembre, j’enchaîne les visites à la maternité et aux urgences pour surveillance et un traitement pour stopper les contractions.

Vivre sa grossesse sereinement après un drame : Mission impossible ? #3

Il ne me reste que quelques jours à tenir et j’aurais le droit de sortir un peu, de retrouver un semblant de liberté car on a beau être bien chez soi, quand on est contrainte d’y rester les murs paraissent de plus en plus étroits…

Même si on me répète qu’on ne sait pas de quoi demain sera fait, cette grossesse est dans mon esprit la dernière. j’ai fait le deuil de mon premier bébé et je le fais aussi concernant une grossesse sereine dans laquelle je me poserais en future maman épanouie. Dans quelques mois je serais nostalgique, mais je sais que je peux compter sur mon mari pour me rappeler à quel point être enceinte est éprouvant pour moi…

Je voulais partager avec vous une vidéo que j’avais fait à l’époque de ma GEU… Mais en la regardant de nouveau un torrent de larmes. Je vais donc m’abstenir. Je ne voudrais pas que certains parents ayant connu des drames durant leur grossesse ne se retrouve dans le même état… J’espère que vous comprendrez.

N’hésitez pas à venir témoigner de vos expériences en commentaire, ça me fera me sentir moins seule aussi… 😉

  • Mon journal de grossesse: Livre de grossesse (naissance et première année de bébé) – Cadeau idéal pour future maman – 122 pages en COULEUR
  • Maman pour la première fois: Tout ce que vous devez savoir pour votre première grossesse. Le guide complet et pratique de la conception à la naissance et la première année avec votre bébé
votes
Noter cet article
S’abonner
Notification pour
guest

14 Commentaires
Le plus populaire
Le plus récent Le plus ancien
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
lily
lily

on sens toute la peur et la tristesse et même une part de culpabilité vis a vis de ton fils, mais je comprends que trop bien peut etre même ce que tu as vécu. Courage tu n’es pas seule c’est une certutide, on est au moins deux

Elodie Minet
Elodie Minet

Cet article est très touchant,on sent à travers les mots,l’émotion ,la douleur.
J’ai la chance de ne pas avoir subit de telles contrariétés,mais je pense que tu n’es pas la seule loin de là et que cet article pourra certainement aider d’autres femmes.

Lunefulle
Lunefulle

Très touchant ton article, même pour moi, qui n’ai aucune connaissance, aucune expérience de la grossesse. 2panouie toi en tant que maman, laisse les drames derrière toi, mais merci d’avoir partagé ton bout d’histoire avec nous !

Petite G
Petite G

Merci d’avoir surmonté ta peine pour écrire cet article et partager cela avec nous…

ma vie de maman séverine wuillemier
ma vie de maman séverine wuillemier

Coucou

c’est tout légitime d’être dans cet état, ça ne se contrôle pas, nous sommes des être humain après tout
Je n’ai pas connu cela
j’ai juste pour ma seconde grossesse eu à la base deux embryon, mais un seul c’est développé et l’autre mal accroché, autant dire qu’avec mon boulot en crèche l’arrét a été immédiat

Bonne dernière ligne droite, prends soin de vous

bisous

Stéphanie
Stéphanie

Je viens de tomber par hasard sur ton article qui résonne beaucoup en moi :
juin 2008 : 1ère grossesse, au bout de 6 semaines, GEU
février 2009 : fausse-couche
juin 2009-avril 2010 : ma 1ère puce née enfin. J’ai eu du mal la reconnaitre en temps que mon enfant car j’ai eu du mal à accepter ma grossesse.
juillet 2012 : fausse-couche
aout 2012-mai 2013 : mon 2ème bonheur. Je l’ai acceptée plus facilement car je savais à quoi m’attendre et pourtant j’ai du me faire opérer durant cette grossesse à cause d’un kyste ovarien gros comme un pamplemousse. Je pense que la préparation à l’accouchement haptonomie m’a beaucoup aidée.
octobre 2015 : je viens de refaire une GEU
Mais parce que la vie doit être plus forte, je n’abandonne pas et je veux ce petit 3ème !

Mary
Mary

je m’en rappelle bien de cette periode :'(… te lire me fait monter les larmes aux yeux, je me rappelerai tjs de ton sms quand tu etais aux urgences, et le stress de d’avoir à nouveau de tes nouvelles.

<3

Isabelle de Guinzan
Isabelle de Guinzan

Merci d’avoir partagé comme ça ton expérience avec nous ! Future maman que je suis c’est aussi ça que je suis venue chercher sur la blogosphère « maman ». Je n’ai pas eu à traverser les épreuves que tu évoques ici mais je sais que ça arrive plus souvent qu’on ne le pense et qu’il faut plus en parler pour aider les mamans, donc oui, c’est super que tu le fasses ! Prends bien soin de toi maintenant et écoute le médecin et ton employeur (qui est effectivement top !), même si ce n’est pas facile de se faire aider.

Emmanuelle
Emmanuelle

Bonjour,
En effet quel sujet tabou et quel dommage ! Mais comme on dit c est quand on est au pied du mur qu on se rend compte des choses…
Pour ma part, 1ere grossesse fin 2008, cela avait remis du baume au coeur a toute la famille car un an apres le deces de ma petite soeur qui allait avoir 18 ans. Insouciance de la 1ere grossesse on se projetait deja avec ce bb. Nous allons a la 1ere echo tout excités et on nous annonce un hygroma important (clair ete nucale hors norme). Tout retombe comme un soufflé. On nous propose une serie d examen pour ecarter des pistes et nous aider a prendre une decison. Ca durera un mois entre autre biopsie du placenta, cariotype pour nous…ce mois fut horrible entre pleurs, questionnement et ce bb qui continue de grandir que j ai envie d aimer mais rejeter en meme temps. Nous prenons la decision d’interrompre la grossesse car les medecins ne pouvaient assurer avec certitude aucun handicap. Ayant grandi avec une soeur handicapee et malgre tout le bonheur qu elle a pu nous apporter on ne voulait pas prendre ce risque. Je passerai les details de cette IMG a 17sem de grossesse qui fut douloureuse tant psychologiquement que physiquement. Je crois que je n’arrive pas a faire ce deuil.
Je me plonge dans mon travail ou j’ai reussi a bien evoluer.

en 2011 je tombe enceinte. J’angoisse comme jamais je suis tantot negative tantot positive mais le negatif prend plus vite le dessus. Je perd un tout petit peu de sang au début je vois le doc et rien de grave et ca passe. Arrive la date de la premiere echo et je me repete des milliards de fois ca va aller. Et non ca ne vas pas! Le gyne a du mal a voir il n y a quasiment pas de liquide amniotique (anamios). Pas le choix l IMG est la seule issue. Je pleure tellement de revivre ce cauchemar, je tremble, je mange plus (j’en pleure encore en écrivant). Je passerai egalement les details de cet IMG a 13 sem de grossesse qui s’est mal passe compare a la 1ere (je parle du jour J mais aussi de la suite de couche).
Je me replonge dans le travail. Ah ca je peux dire que j ai reussi ma vie professionnelle !

Fin 2014 alors que je m y attends pas du tout je fais un test au cas ou et positif! Bizarrement je le prend tres sereinement et le vis bien jusqu a l echo de datation ou le gyne ne voit rien. Il me dit peut etre trop tot ou GEU. Je fais donc prise de sang toutes les 48h pour voir évolution taux et verdict quelques jours apres c est bien une GEU! Donc traitement a 8 sem de grossesse pour dissoudre cet embryon et protocole de suivi a l’hopital jusqu a ce que le taux redevienne negatif.

Nous sommes un an apres ce dernier événement et j aimerai me dire jamais 2 sans 3 c est fait donc ne craint rien et vas y! Mais c est tellement complique dans ma tete et puis tout le monde autour de moi qui ont eu leurs enfants voir meme leur second ! Pas facile tout ça!!!
C est la premiere fois que je raconte mon histoire (hormis le psy) et je sens un poids se liberer…peut être un nouveau debut!
Je souhaite courage a toutes ces femmes qui vivent cela.

Emmanuelle
Emmanuelle
Répondre à  Sandra

Une nouvelle année commence et j’espère avec son lot de bonnes nouvelles !
Meilleurs voeux !!!!