"Je ne veux pas que vous soyez morts"

« Je ne veux pas que vous soyez morts ». Ces mots sortent de la bouche de mon fils depuis plusieurs semaines. Il parait que c’est l’âge. Mais derrière ce petit être qui semble si brutal à bien du monde se cache en réalité un petit cœur bien plus sensible qu’il ne le laisse paraître.

Après les événements d’hier, j’ai évité le sujet à la maison. Le temps de poser calmement mes pensées et de choisir les meilleurs mots pour expliquer à un enfant de 5 ans pourquoi la France avait le cœur brisé. Je ne les ai pas trouvé avant ce matin.

Je suis arrivée à l’école, soulagée de me dire que j’allais enfin retrouver mon fils. Je ne veux pas céder à une psychose dont les enfants seraient les victimes. La vie doit continuer et, aussi dur que ce soit, il est vital de préserver une routine pour les plus petits, mais la phrase que mon fils a dit à sa maîtresse en me rejoignant sur le pas de la porte de la classe m’a glacée le sang : « Maîtresse, parfois le cœur il s’arrête de battre et on meurt ».

Que s’est-il passé ? A-t-il entendu ses copains en parler ? La Maîtresse a-t-elle pu mettre les bons mots pour expliquer pourquoi les journalistes et les policiers ont trouvé la mort hier sous les balles de terroristes ?

Voyant ma tête, la maîtresse m’a expliquée qu’ils allaient faire la minute de silence et qu’il a donc fallu expliquer aux enfants pourquoi. Quelle bécasse je fais…J’aurais du y penser ! Même s’il ne reste pas à la cantine, le sujet allait être abordé avant midi, évidemment !

J’ai voulu tout de même aborder le sujet en tête à tête avec lui. Il n’avait pas vraiment compris. On leur a juste expliqué que « des personnes avaient tiré sur d’autres personnes et que beaucoup de monde était triste ». C’est aussi ce que la maîtresse m’a expliqué, mais ça ne me semblait pas « suffisant ».

J’ai expliqué à James ce qu’était un journaliste, quel était son rôle et pourquoi parfois ils rendaient des gens mécontents. Il a compris qu’il s’agissait d’une vengeance et m’a demandé « pourquoi les méchants qui ont tuer les journalistes et les policiers ils ont pas compris que c’était pour rire ».

Aujourd’hui, on aborde la notion de liberté d’expression. On abordera le manque d’humour chez les extrémistes un peu plus tard…

Depuis que je suis maman, je fonctionne à l’instinct mais, pour la première fois, je me sens démunie. J’ai peur de « briser » mon fils, qu’il prenne peur.

Dans certaines écoles, des mesures drastiques ont été mises en place. Pas dans toutes. J’ai vu des parents dire que « c’était trop » et d’autres craindre car la même sécurité n’existait pas dans l’établissement de leurs enfants.

Alors, je ne sais pas… Vaut-il mieux prévenir que guérir au risque de terroriser les enfants ou se dire que les tirs étaient dirigés et que les cibles atteintes, nos enfants sont en sécurité dans leurs classes ?

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