Baby blues, dépression post partum ok ok ... Et le "burn out" alors ?

Nous avons tous entendu parler du baby blues, des dépressions post partum mais rarement du burn out maternel.  Aujourd’hui, pour pallier à ce manque, je vais parler lecture.

Stéphanie Allenou, maman de 3 enfants dont des jumeaux, témoigne dans son livre « Mère épuisée », de l’épuisement maternel. Devenir maman implique beaucoup de changement dans une vie. Souvent, nous ne nous rendons compte de cela qu’une fois que nous sommes face à la situation.

« Petit à petit, je perds toute envie : de parler, de bouger, de m’occuper de mon mari, de mes enfants, de ma maison… Le plus difficile c’est de commencer la journée. Je me réveille en proie à l’angoisse. Je n’ai pas la force d’y aller. Je ne veux plus de ces contraintes horaires, de ce bruit, de ces affrontements, de ces gestes cent fois réitérés. Je ne veux même plus voir mes enfants. Je ne veux plus rien donner : ni temps, ni mots. Je veux être seule, dans le silence… »

Baby blues, dépression post partum ok ok ... Et le ˝burn out˝ alors ?

Dans son récit, Stéphanie Allenou nous invite à la suivre dans la descente aux enfers des 3 premières années de sa nouvelle vie de maman. Une petite fille, puis des jumeaux. Beaucoup à gérer, n’importe qui aurait envie de crier à l’aide. Une exaspération au quotidien à laquelle la fatigue n’arrange rien.

« Une sourde angoisse monte petit à petit. La rage intérieure que je tente de maîtriser est croissante, et j’explose fréquemment. Je crie fort. De plus en plus fort. Je tape maintenant facilement : des fessées le plus souvent, des gifles parfois » nous confie-t-elle.

  • Mere epuisee
  • La Fatigue émotionnelle et physique des mères: Le burn-out maternel

J’ai lu ce livre avec un intérêt grandissant au fil des pages. Enfin une maman qui ose dire tout haut ce que chacune tente plus ou moins bien de cacher car, comme Florence Foresti le dit « nous enfilons notre peau de mère » et nous faisons face. Se plaindre, c’est passer pour une mère qui n’aime pas ses enfants pourrait-on penser. Combien de fois ai-je dis que je n’en pouvais plus et je n’en ai qu’un moi !

Sincèrement, devenir maman est merveilleux, oui. MAIS il faut cesser de faire croire que ce n’est que du bonheur. C’est un mensonge qui culpabilise beaucoup de mamans qui se croient seules à vivre dans un état psychologique qui se dégrade de jour en jour.

Quelques personnes autour de moi n’ont de cesse de dire combien leur enfant est formidable, épanouit etc. Je les crois sans souci, mais dire de temps en temps, dire :  « je n’en peux plus, il y a des fois ou j’ai envie de hurler, de lui en coller une » soulagerait sûrement toutes celles qui souffrent en silence et qui se croient de mauvaises mères. Bien sûr on fait de notre mieux pour éviter la violence, verbale et physique, mais l’envie peut être là. Nous ne sommes pas des machines, nous avons des émotions et des limites nous aussi. Je crois que cet état est d’autant plus difficile quand l’enfant a longtemps été désiré.

Pour ma part, j’ai culpabilisé de me dire « j’ai attendu longtemps, j’ai la chance d’être enfin maman alors que certaines de mes amies vivent toujours dans cette attente. Je suis une mauvaise mère ? Je ne devrais pas me plaindre… « Mais voilà, il y a un monde entre ce qu’on imagine et la part de rêve que cela implique. Si je devais comparer je dirai que c’est comme prévoir ses vacances et s’attendre à avoir sur place exactement ce que vous aviez vu dans la brochure… C’est rarement le cas. Pourquoi ? Parce qu’à un moment, la réalité rattrape le rêve !

Baby blues, dépression post partum ok ok ... Et le ˝burn out˝ alors ? #2

Un grand merci à Stéphanie Allenou d’avoir l’honnêteté de témoigner sur les choses telles qu’elles sont, sans édulcorer la réalité de la vie de jeune maman.

« On voit Stéphanie toujours faire plus et accélérer pour pouvoir correspondre à cette image de bonne mère. On voit ses symptômes arriver : fatigue, insomnie, irritabilité, hyperactivité, manque d’attention, manque de motivation. Le stress bien entendu est omniprésent » décrypte la psychologue et psychanalyste Sophie Marinopoulos, responsable d’un service de Prévention et de promotion de la santé psychique et un lieu d’accueil parents-enfants.

Voilà qui pointe un gros souci dans notre société. Les femmes devraient être des mères parfaites, de bons éléments au travail et de merveilleuses maitresses de maison. J’ai un scoop: les femmes sont humaines !

Je vous laisse lire  l’entretien de Stephanie Allenou avec magali Grandet pour Ouest France:

« La société nie l’épuisement maternel »

Baby blues, dépression post partum ok ok ... Et le ˝burn out˝ alors ? #3

Votre livre aborde un sujet tabou : l’épuisement des mères. Il peut conduire, dites-vous, à des situations dramatiques. Pourquoi avoir décidé de témoigner ?

La société idolâtre la maternité en oubliant la mère. Ce livre, je l’ai écrit pour prévenir, pour qu’on parle de cette souffrance. J’ai vécu un épuisement maternel physique et psychologique qu’on nie. Il peut entraîner la maltraitance, aller jusqu’à l’infanticide et pas seulement dans les milieux défavorisés. C’est autre chose que la dépression, et c’est évitable, il y a des moyens de ne pas en arriver là.

Votre fille est née puis, treize mois plus tard, les jumeaux. Comment passe-t-on du bonheur de la naissance à des sentiments très négatifs envers eux ?

Avoir des enfants était une évidence pour moi. Je ne voyais que le bon côté des choses. Les premiers mois, j’étais très fatiguée mais je savais que cette période allait passer, je me projetais. L’arrivée de jumeaux fragilise un couple. J’étais en congé parental, seule à la maison, isolée. Tout est arrivé lorsque les garçons ont commencé à marcher à 14 mois. Ils me rendaient dingues. Ils faisaient des petites bêtises mais quinze fois par jour et pendant des mois… L’épuisement psychologique s’est installé insidieusement. Mes enfants me mettaient dans la situation d’une mère qui n’y arrive pas, ils me renvoyaient une image négative. Ils menaçaient mon intégrité.

Quand avez-vous senti que vous perdiez pied ?

À mes réactions. J’ai développé une agressivité envers eux. D’abord, j’ai crié, de plus en plus fort, de plus en plus souvent. Je me souviens d’une fois où j’ai crié tellement fort que j’ai eu très mal à la gorge, j’étais tendue à l’extrême. J’ai commencé par des petites tapes sur les mains, de plus en plus fortes, puis ça a été la fessée, la première gifle… Je ne me reconnaissais plus.

  • Baby Blues
  • NOT GUILTY-ish: A Baby Blues Collection (Volume 40)

Comment en êtes-vous sortie et quels conseils donneriez-vous aux mamans ?

Je me suis dit que ça allait mal finir, c’était eux ou moi. Je savais que la solution ne pouvait venir que de moi, l’adulte. Tardivement, j’ai eu connaissance des lieux parents-enfants comme La Marouette, les Pâtes au beurre, à Nantes. Il faut absolument sortir du face à face avec son enfant. J’ai aussi pu parler à quelqu’un. Et les garçons sont entrés en maternelle… Petit à petit, tout est rentré dans l’ordre. Les professionnels (crèche, médecin traitant, PMI…) doivent être attentifs et ne pas lâcher les mères, leur donner les bons contacts. Je milite pour la création d’une maison de la parentalité. Les pères aussi doivent s’impliquer. Messieurs, occupez-vous de vos femmes, remuez-vous  !

Aujourd’hui, vous avez retrouvé votre énergie, quitté votre métier d’éducatrice spécialisée pour créer votre entreprise. Quel est votre projet ?

À Nantes, j’ai créé la société Tribuletsens et l’association L’îlot famille qui met à disposition des vélos biporteur, triporteur, etc. Je veux aussi encourager l’accueil en crèche des enfants multiples et favoriser les lieux parents-enfants. J’ai un projet qui germe doucement, je recherche un local et des financements. Des contacts sont pris. J’y crois car je vérifie régulièrement que mon histoire n’est pas un cas isolé.

Recueilli par Magali GRANDET.

  • The Postpartum Depression Journal: Prompts and Exercises for Reflection, Healing, and Self-Care
  • The Honest Mom Journal: The struggling moms guide to struggling less. A daily guided journal for moms facing mental health struggles, depression & … A journal, diary, for stressed out mothers.
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Caro
Caro

J’aime cet article! Enfin on dit la vérité !!! Même si ma sœur n’a jamais atteint cet extrême, je lai vu souvent fatiguée, Peter un câble, courir à gauche à droite etc…même plus le temps pr elle même…c’est pour ça que ça ma calmé l’envie davoir un enfant…même si c’est merveilleux de donner la vie bla bla bla, il ya des côtés négatifs et souvent demander de laide car on est au bout du rouleau est mal perçu car ça veut dire qu on ne sait pas gérer, on passe limite pour une mauvaise mère, et ça m’énerve!!! et enfin une maman ose le
dire! moi c’est clair que si j’ai un gosse je reviendrai vivre près de ma famille car jai besoin qu’elle maide à me soulager quand je nen pourrai plus! ma sœur ma souvent dit qu elle avait de la chance qu on soit près d’elle pour gérer ses 3 filles quand elle ne pouvait pas ou plus!

Maman Geek
Maman Geek

Exactement 😉 Avoir la famille a coté est idéal mais attention, les parents peuvent aussi être énervants. Pour les mien j étais une petite chose fragile parce que dans leur souvenir il géraient mieux la situation… Mais ce n est pas eux qui vivent avec bebe ! LOL

Caro
Caro

C’est clair ^^ mais de ce côté la on n’a po trop eu de souci, mes parents ne sont intervenus ke lorsque ma soeur la demandé. Sinon ils font leur petite vie ^^ ils se contentent de conseiller et après ma sœur adopte ou po le conseil et ils laident pour des gardes ponctuelles aussi et la bouffe car maman est bien meilleure ke ma sœur en cuisine et ça la soulage des fois pr ne po cuisiner tout le tps 🙂 en cas ce livre confirme bien ma hantise d’avoir des jumeaux ou triplés, pas que j’aime po les gosses mais je ne me sens pas la force de gérer plusieurs bébés à la fois et cette maman mérite franchement toute mon estime pour avoir dévoilé ce qu était le vrai boulot de maman. Ça me donne envie de le lire tiens!

Michèle
Michèle

Je pense que le problème vient du fait que de nos jours on n’est pas préparé à la maternité, on nous parle seulement que du coté positif et pas du tout du reste : bouleversements, responsabilité etc…

caro
caro

D’un autre côté si les femmes étaient au courant de tout ce qui va se passer après l’accouchement, ça en dégoûterait plus d’une dont moi la première donc je pense que c’est aussi pour cela qu’on ne le dit pas (ref à Florence Foresti).

Mais je suis d’accord sur le fait qu’il faudrait des cours « pratiques » comme tu le dis si bien sandra. Quand j’y repense, on a eu un emploi du temps de dingue au collège, lycée et au final qui sait qui arrive à bien cuisiner, à bien repasser sa chemise ou faire un ourlet?? Les trucs de base en fait…Un truc tout con: on apprend 3 fois les guerres mondiales, en primaire, au collège et au lycée, c’est ridicule je trouve! autant apprendre une fois et basta et laisser les autres heures à des cours pratiques utiles pr le quotidien! Tout le monde n’a pas des parents qui veulent bien leur apprendre à bien cuisiner!

C’est dommage parce qu’en france avant il y avait cela mais ça correspondait à une image de la femme qui restait au foyer et dès que la femme a été « plus libérée » on les a supprimé…Moi j’aurai bien aimé avoir des cours de couture, de cuisine, de bébé, ou même apprendre à tricoter car avec le temps je me rends bien compte que ça aurait pu bien m’aider! C’est toujours plus utile que d’apprendre ça que ce que Voltaire ou Pascal pensent !

En allemagne, par contre, ils sont un peu comme aux usa, il y a toujours des cours de cuisine dc je trouve ça pas mal!

Piumy
Piumy

Tout à fait d’accord !! J’aurais aimé apprendre la couture à l’école, j’en suis encore à donner mes vêtements au mercier pour recoudre un bouton (remarque, ça fait travailler le commerce de proximité :D)…

vanessaB
vanessaB

c’est très poignant et cela ma parle….la preuve j’ai auusi fait un sujet dessus…. les difficultés des mamans on n’en parle pas, c’est svt éclipsé par le soit disant bonheur total d’être maman… le livre est bien car il propose des solutions….

Val
Val

Hello à toutes,

Je suis en plein dedans, j’ai mis un an pour m’en rendre compte. le pire c’est qu’il n’y a pas de solution…On peut s’éloigner d’un patron, on ne peut pas quitter ses enfants. En plus je n’ai pas envie de les quitter car je les aime. Pourtant, ils m’épuisent, et je rêve de solitude, de calme et de sérénité. Dur dur de voir son idéal familial se fracasser ainsi. Peu de personnes me comprennent, je m’isole car j’ai honte de moi. J’ai une vie de reine et j’ai honte de vivre ce que je vis.

e-zabel
e-zabel

je viens juste de la rencontrer ce midi, j’en parlerai sur mon blog dans quelques jours… ce qu’elle a fait/écrit est formidable ! A lire absolument

Val
Val

Le pire c’est que je sais tout ça, je travaille dans le secteur de l’enfance, j’accompagne moi aussi des enfants en difficultés. Je connais toutes les ficelles. Mais voilà, quand ça vous tombe dessus, on a du mal à y croire. Je vis vraiment cela comme quelque chose d’insidieux qui est venu me fragiliser en silence et qui me laisse maintenant sans force pour faire face à mon rôle de mère.

allenou
allenou

Bonjour,
je suis à Paris le 23 et le 24 mars. Si vous le souhaitez on peut se rencontrer. Je crois que mon progamme est light le 24 ap-midi. A bientôt.